• Cette terrible dictature des agences de notation...

    « Je suis le candidat de la résistance face aux agences de notation. »

    Jean-Luc Mélenchon, à Nantes, le 14 janvier 2012.

     

    On s'en prend s'en arrêt aux agences de notation ; elles seraient cause des déboires que nous traversons ; elles symboliseraient la domination sans partage de la finance toute puissante ; il se conçoit finalement contre elles, une hostilité haineuse et grandissante...

    Pourtant, la France fut notée triple A dès ses premières évaluations, quelle que soit l'agence considérée : depuis 1975 chez Standard and Poor's, 1979 chez Moody's et 1994 chez Fitch. D'ailleurs, 1975 est la dernière année d'équilibre budgétaire : depuis lors, les déficits se sont enchaîné. La France n'en obtenait pas moins son excellente note et, bizarrement, vous n'entendiez pas grand monde pour dénoncer le sale travail des agences de notation, ces affameuses des peuples...

    Par ailleurs, seule Standard and Poor's a dégradé la note souveraine de la France ; pour le moment Fitch et Moody's restent attentistes. Difficile, donc, de les mettre toutes dans un même sac. Qui plus est, est-ce si sévère de faire perdre un cran ? Surtout quand on sait que, reproduisant la méthodologie de l'agence, Natixis conclut à une dégradation de deux crans ?

    Ensuite, les taux pesant sur la dette souveraine de la France ont commencé à augmenter bien avant la dégradation (courant 2010 je crois), alors que l'État s'auréolait encore du triple A. La dette française est une fausse valeur depuis longtemps. L'agence Dagong avait d'ailleurs dégradé l'État français fin 2010. On peut donc dire que Standard and Poor's n'a fait que se conformer aux évolutions du marché, sans les avoir provoquées.

    Enfin, l'État français ne semble pas pour le moment beaucoup souffrir de cette dégradation. N'a-t-il pas dernièrement levé plus de 8 milliards d'euros avec des taux en baisse ? On se plaint du taux de l'OAT à dix ans, qui est un peu supérieur à 3%, mais, en 2003, il était de 5%... Ainsi, se faire dégrader semble presque une aubaine, puisque le même phénomène s'est manifesté pour le Japon et les États-Unis.

    Tout cela veut donc dire que les États disposent de marges de manœuvre, contrairement à ce que certaines aiment à crier partout, la tyrannie des agences de notation est un leurre ! C'est simplement que les États doivent gérer ces marges pour les conserver et les élargir.

    Il y a aussi un autre enseignement, sans doute plus piquant. C'est que les marchés financiers ne sont pas davantage à la botte des agences. À se demander, même, pourquoi on leur accorde autant d'attention. Le fait que les évaluations négatives d'États ne les empêchent pas de se financer à bon compte peut aussi s'interpréter... comme un désaveu des agences par les marchés. Ceux-ci semblent bien savoir tirer leurs conclusions tout seuls.


    Tags Tags : ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :