• La France, cette patrie de l'universel

    « La France n'est jamais plus rassemblée et exemplaire - digne des meilleurs aspects de son histoire - que lorsqu'elle porte des messages de portée universelle. Seule la tolérance peut générer une telle ambition. »

    Voilà ce qu'on peut lire à la fin d'une des innombrabres réactions suscitées par l'affaire Guéant. En l'occurence, le commentaire se veut critique.

    C'est une idée qu'on entend souvent : la France aurait une vocation universelle, qui correspondrait à son essence historique profonde. C'est parfaitement saugrenu, bien sûr. Aucun pays n'a de vocation quelconque à faire, ou à être, quoi que ce soit. Ce n'est qu'un moyen de travestissement, qui permet à l'énonciateur de donner un verni d'objectivité à ses propres désirs.

    Mais je trouve bien vague cette notion de message universel. On peut reprocher à Guéant l'emploi lâche du terme civilisation, mais universel n'est pas plus précis et pas moins propice aux usages malhonnêtes.

    Par exemple, je doute que la plupart des progressistes qui invoquent cette notion, comme c'est leur habitude, y inclue le christianisme. Pourtant, cette religion se perçoit bien comme un « message de portée universelle »... La France fille aînée de l'Église, voilà qui ne doit pas coller avec leur idée de l'universel.

    Ils vous diront que c'est la France de l'Inquisition, de la répression des Cathares, des Croisades, des Guerres de religions... Choses peu rassemblantes et exemplaires en effet - si tant est que ces jugements anachroniques aient un sens. Cependant, si je regarde l'autre « message de portée universelle », à savoir les idées de la Révolution, je ne trouve pas qu'il soit plus univoque.

    Au nom de la Révolution, on guillotina à qui mieux mieux, on saigna la Vendée, on envahit sans vergogne les trois quarts de l'Europe, on fusilla sans remord à Madrid... Sont-ce des choses plus rassemblantes et exemplaires ? Le plus amusant c'est que lorsque, à la fin du XIXème siècle, on colonisa, pacifia et exploita sous prétexte d'apporter les lumières de la liberté et du progrès, des idées en droit fil de la Révolution, il ne semblait pas qu'on se divisât beaucoup à propos de comportements de domination presque unanimement réprouvés aujourd'hui... 

    La Révolution, comme le christianisme avant elle, eut son lot d'intolérance, de massacres, d'hubris. Réalité qu'une lecture intéressée et idéologique s'empresse d'oublier pour produire le même genre de poncifs que celui qu'on peut lire dans la citation ci-dessus.


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