• Les usines, les usines... Et les services alors !

    « Ce n'est pas un hasard si en anglais, nous parlons de "banking industry"»

    Hubert Bonin

     

    Vous avez dit désindustrialisation ?

    La crise que nous traversons semble raviver d'antiques nostalgies usinières. Il est vrai qu'on n'y renonça jamais complètement ; elles resurgissaient de temps à autres, dans les paroles fiévreuses et paniquées de quelques histrions de la politique.

    Cette fois-ci, cependant, plus que jamais sans doute, les usiniers zélotes croient leur heure venue. Il est temps ! Les dangers de la finance, l'effondrement de nos exportations, le chômage et les délocalisations ne leur donnent-ils pas raison ? La France étant devenue un désert industriel, il est urgent de renvoyer fissa tout le monde derrière sa chaîne de production...

    George Kaplan (ici et ici) fit justice de ces billevesées, en deux temps : 1° en valeur constante, la production industirelle n'a pas diminué, 2° avant leur externalisation par sous-traitance, beaucoup d'emplois étaient comptabilisés comme industriels alors qu'ils n'en avaient pas les caractéristiques. Mais bon, Kaplan, c'est un libéral, contributeur de ces affreux jojos de Contrepoints. Bref, un méchant pas beau...

    Alors, ça fait toujours plaisir de tomber sur un article comme celui-là.

    Le propos d'Hubert Bonin, c'est de dire qu'il y a aussi imbrication entre les secteurs secondaire et tertiaire : « Aujourd'hui, même la structure industrielle est éclatée entre industries et services. L'usine n'est plus qu'un noyau de logistique. Globalement, les entreprises de services sont celles qui s'industrialisent le plus. » Malheureusement, les mentalités de nos politiques les plus âgés (et Dieu sait qu'en France, papy fait de la politique) sont restées coincées au modèle fordiste, alors que nous en sommes au toyotisme de la troisième révolution industrielle...

    Il est juste de pointer ce décalage entre l'imaginaire et la réalité. Le problème, outre les habituels incovénients des idées fausses, c'est que le secteur tertiaire est dédaigné alors que les entreprises françaises y sont performantes : « Les sociétés françaises de services sont devenues des géants mondiaux. Elles n'ont pas attendu un aval de la part de l'État pour s'adapter et s'implanter partout dans le monde. Elles affrontent la situation économique. On peut ramasser des déchets à Shanghaï avec des sociétés françaises. On peut traiter de l'eau à Dubaï avec une société française. Tous ces groupes gagnent en influence. EDF par exemple, même si elle passe pour une société industrielle, a une activité qui repose pour moitié sur le secteur tertiaire et gagne en présence à l'international. »

    Où l'on voit, en passant, que l'État est encore une fois à la remorque !


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