• Fabrice Descamps signe un excellent billet sur le mal-être des enseignants, qui est l'un des aspects de la crise scolaire dans ce pays.

    Comme l'analyse Revel dans La Connaissance inutile (il livre qu'il faut lire, décidément), les enseignants ont perverti la fonction de l'école. Revel a des mots très durs, il parle de « la trahison des profs »...!

    L'égalitarisme, appuyé sur les (fou)thèses de Bourdieu, a conduit à la destruction des ressorts de l'école, la rendant désormais incapable de réellement réduire les inégalités sociales ; on redistribua la réussite scolaire, écrit Revel, comme l'aide sociale, tout en détruisant les enseignements ; ce qui n'avait strictement aucun sens, car on s'interdit par là même de détecter les talents, d'où qu'ils vinssent. (J'ajouterai qu'on s'interdit aussi de détecter les difficultés pour les traiter de façon efficace..., cantine pour tout le monde !).

    En conséquence de quoi, le malaise actuel de la profession est aussi le retour du boomerang. Elle se trouve prisonnière d'une contradiction, entre cet égalitarisme bien intentionné et la réalité des effets du même égalitarisme.

    Néanmoins, pour ce qui est du collège du moins, il me semble qu'un nombre croissant d'enseignants perçoit le problème, au moins confusément. Cette conscience peut y être plus forte qu'au lycée, où travaille Fabrice Descamps, parce que la scolarité est obligatoire jusqu'à 16 ans. Il faut faire avec les ratés du système et il est (de plus en plus) délicat de se défaire des perturbateurs. C'est encore plus vrai dans les zones prioritaires, où règne une certaine lassitude et un grand désir de fermeté...

    Malheureusement, les enseignants ont peur des changements et leur représentation syndicale est plus prompte à instrumentaliser leur malaise qu'à y remédier véritablement. Périssent les enseignants, plutôt que la flétrissure de l'idéologie !


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  • Voilà une question qu'on peut se poser. L'hégémonie culturelle de la gauche est si forte, qu'elle a imposé ses évidences : qu'est-ce qui peut bien justifier l'existence de la droite ? La réponse,  Paul François Paoli la développe dans un livre paru en 1999, Comment peut-on être de droite ?, chez Albin Michel. Il expose les raisons qui justifient l'existence d'une droite sûre d'elle et de ses valeurs. Recension en deux parties.

    1.

    La prospérité du FN

    Paul François Paoli décrit d'abord comment, dans les années 1980, la gauche fut  responsable de la montée en puissance de l'extrême droite. (On verra, dans un second temps, qu'il n'est pas avare de reproches envers la droite non plus.)

    Dès après 1945, la gauche marxiste s'employa à disqualifier comme fasciste « tout un pan des valeurs conservatrices [...], discrédité par l'usage qu'en avait fait Vichy. » On retrouve-là la bien connue stratégie de terrorisme intellectuel reposant sur le maniement tétanisant de la reductio ad hitlerum. Mais, à cette époque, le charisme gaullien contrebalançait, dans l'opinion, ce matraquage mensonger.

    Puis vint l'effondrement du communisme et le reflux du marxisme. Cette évolution s'accompagna de la monté en puissance du PS. Alors, littéralement, la gauche changea de peuple. Elle troqua celui des usines et du Front populaire pour celui que Mai 68 avait porté sur les fonds baptismaux, « plus en phase avec l'air du temps, plus jeune et plus féminin, plus branché en diable » (p. 79). Le langage de la gauche glissa, délaissant la question sociale pour les questions sociétales (la causes des minorités et des immigrés, le droit à la différence), tout en embrassant un individualisme transgressif et hédoniste.

    Or, cette rupture d'avec le peuple sociologique se produisit au moment même de la montée du chômage et de l'apparition d'une immigration familiale. Dans ce hiatus, se constitua un fertile terreau pour le Front national.

    C'est là qu'un « grand tacticien », François Mitterrand pour ne pas le nommer, parvient à « "ringardiser" l'idée même de droite auprès de la jeunesse et de la petite-bourgeoisie intellectuelle » (pp. 80-81). C'était pourtant le moment où la droite intellectuelle tentait de relever la tête, estime Paoli, avec, par exemple, Louis Pauwels et Le Figaro Magazine. (On se souviendra de l'épisode, en 1986, du sida mental, un autre exemple de ce genre de scandales qui sait si bien provoquer la gauche.)

    Tétanisée, la droite politique laissa la gauche instrumentaliser le FN pour son propre profit. « Les caciques de la droite, au lieu de se faire respecter en pensant ce qui les rendait nécessaires, ont trop souvent voulu devenir respectables aux yeux d'un pays virtuel, celui des médias, de moins en moins en phase avec la France du chômage et de la désillusion politique » (p. 54). (Là, on pense au psychodrame autour de l'élection de Charles Millon, lors des régionales de 1998.)

    Et c'est ainsi que prospéra le FN.


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  • Nous vivons toujours sous l'empire du gauchisme. Ce complexe qu'il faut détruire, comme le disait Thierry Wolton dans l'extrait aléatoire d'hier.

    Fillon vient de réfuter toute « droitisation de la droite » ; entend-on jamais un Hollande, une Aubry, un Mélenchon se défendre de toute gauchisation de la gauche ?


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  • Des mots écrits en 2003, après le séisme d'avril 2002, mais qui tracent une problématique encore actuelle. La gauche se débat pour éviter absolument ces changements, qui signeraient l'écroulement de son hégémonie culturelle. Ils sont pourtant des plus salutaires.

    Le complexe de gauche est double.

    Pour la gauche il s'agit d'un complexe de supériorité ; pour ceux qui n'en sont pas, d'un complexe d'infériorité. L'effet est cumulatif : plus la gauche se sent supérieure, plus les autres sont complexés de ne pas en être. Cela dure depuis le début du XXème siècle. [...] Il peut paraître paradoxal de s'intéresser aux effets pernicieux de ce complexe au moment où notre vieille gauche bat de l'aile après son cuisant échec du printemps 2002. [...] Certes non. En fait, selon une règle déjà maintes fois observée dans la vie politique française, plus la gauche est minoritaire, plus elle est à terre, plus elle est défaite, et plus elle est agressive idéologiquement, plus elle se crispe sur ses certitudes, plus elle s'accroche à ses vieilles croyances. Plus elle cherche alors à complexer les autres. [...] Si la gauche veut sortir du marasme où elle s'est placée elle-même, elle doit repenser ses méthodes, laisser tomber ses vieux réflexes, apprendre la modestie. Si la droite veut prendre confiance en elle, au-delà de quelques rodomontades sécuritaires, elle doit savoir assumer ses choix, bousculer ses habitudes, croire aux bienfaits de la politique. [...] Le complexe de gauche est condamné à disparaître puisqu'il en va de l'inévitable modernisation des mœurs et de la vie politique française, à l'instar de ce qui s'est déjà accompli ailleurs.

    Thierry Wolton, Comment guérir du complexe de gauche, Plon, 2003, pp. 9 à 12.


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  • « La France n'est jamais plus rassemblée et exemplaire - digne des meilleurs aspects de son histoire - que lorsqu'elle porte des messages de portée universelle. Seule la tolérance peut générer une telle ambition. »

    Voilà ce qu'on peut lire à la fin d'une des innombrabres réactions suscitées par l'affaire Guéant. En l'occurence, le commentaire se veut critique.

    C'est une idée qu'on entend souvent : la France aurait une vocation universelle, qui correspondrait à son essence historique profonde. C'est parfaitement saugrenu, bien sûr. Aucun pays n'a de vocation quelconque à faire, ou à être, quoi que ce soit. Ce n'est qu'un moyen de travestissement, qui permet à l'énonciateur de donner un verni d'objectivité à ses propres désirs.

    Mais je trouve bien vague cette notion de message universel. On peut reprocher à Guéant l'emploi lâche du terme civilisation, mais universel n'est pas plus précis et pas moins propice aux usages malhonnêtes.

    Par exemple, je doute que la plupart des progressistes qui invoquent cette notion, comme c'est leur habitude, y inclue le christianisme. Pourtant, cette religion se perçoit bien comme un « message de portée universelle »... La France fille aînée de l'Église, voilà qui ne doit pas coller avec leur idée de l'universel.

    Ils vous diront que c'est la France de l'Inquisition, de la répression des Cathares, des Croisades, des Guerres de religions... Choses peu rassemblantes et exemplaires en effet - si tant est que ces jugements anachroniques aient un sens. Cependant, si je regarde l'autre « message de portée universelle », à savoir les idées de la Révolution, je ne trouve pas qu'il soit plus univoque.

    Au nom de la Révolution, on guillotina à qui mieux mieux, on saigna la Vendée, on envahit sans vergogne les trois quarts de l'Europe, on fusilla sans remord à Madrid... Sont-ce des choses plus rassemblantes et exemplaires ? Le plus amusant c'est que lorsque, à la fin du XIXème siècle, on colonisa, pacifia et exploita sous prétexte d'apporter les lumières de la liberté et du progrès, des idées en droit fil de la Révolution, il ne semblait pas qu'on se divisât beaucoup à propos de comportements de domination presque unanimement réprouvés aujourd'hui... 

    La Révolution, comme le christianisme avant elle, eut son lot d'intolérance, de massacres, d'hubris. Réalité qu'une lecture intéressée et idéologique s'empresse d'oublier pour produire le même genre de poncifs que celui qu'on peut lire dans la citation ci-dessus.


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  • Al-Qaïda soutient la révolte syrienne... On avait rien compris, en fait ils sont pour la liberté !


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  • « Certains aiment bien manipuler les choses, faire de la politique ». C'est ce que Claude Guéant a déclaré lors de son arrivée en Martinique ; il s'agissait de justifier son, désormais fameux, discours.

    Donc, si l'on recompose, faire de la politique, c'est manipuler les choses...

    Personne ne s'en étonnera, je pense. Ce qui est tellement drôle, que c'en devient pathétique, c'est la candeur du politicien, qui laisse percer la vérité en pensant que c'est à son avantage. Claude Guéant nous livre cependant qu'il tient la politique en piètre estime. 

    À moins qu'il ne veuille sous-entendre qu'il ne fait pas de politique. Mais alors, que fait-il ?


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  • Cela semble devenir une tradition, que de critiquer les profits (de suite baptisés superprofits) de Total. Déjà, en 2011, on poussa cette complainte.

    Encore une fois, on accuse la compagnie de se gorger d'argent sur le dos de Français écrasés par la hausse des prix du pétrole... La gauche donne le la, bien sûr.

    Il existe d'autres enseignes moins chères ; personnelement je vais chez Esso (1,399 euro le litre de gazole, contre 1,531 pour la station Total du coin). Des sites, bien connus, permettent d'ailleurs de faciliter le choix (ici et ici). Néanmoins, il semblerait que le prix du litre d'essence puisse dépasser les 2 euros. Certes, mais ce n'est pas Total qui fixe souverainement les prix du pétrole, ni des carburants qui en sont issus, ni ne décrète des sanctions contre l'Iran ou la fermeture du détroit d'Ormuz.

    Et n'oublions pas le poids des taxes (plus de 50% du prix à la pompe). L'État est donc un facteur non négligeable de renchérissement. Bizarrement, c'est un détail oublié par ceux qui critiquent Total.

    Bref, on monte un mythe politique, afin de mieux mettre en accusation le capitalisme.


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  • Ça y est, l'offensive Sarkozy a commencé.

    Il dit vouloir consulter les Français par referendum. Mais cela semble déplaire à beaucoup. Étrange, tout de même : tous ces démocrates devraient plutôt s'égayer que le peuple soit directement consulté...

    Leur réponse manque d'intelligence politique, elle est de nature en renforcer le populisme dont ils disent pourtant s'alarmer. Ils auraient mieux fait de répondre qu'ils relèveraient le gant, se feraient un plaisir de faire désavouer le président par son propre referendum ; qu'ils ne le fassent pas en découvre long sur leur manque de foi en leur légitimité... On dirait des coureurs du 100 m refusant le défi des concurrents...

    Pour être honnête, je me défie du referendum, mais c'est que je me défie de la démocratie. Néanmoins, ces réactions montrent bien que la classe politique confisque la parole du peuple : elle veut bien que celui-ci s'exprime, mais uniquement dans les termes qu'elle a choisis. (Il ne faudrait pas croire, cependant, que Sarkozy se démarque fondamentalement des autres sur ce point, cette question met surtout à nu la fiction démocratique d'un « gouvernement du peuple, pour le peuple et par le peuple », comme le clame notre Constitution.)

    Parmi les réactions, l'exemple le plus drôle est donné par Corinne Lepage, qui considère que la question de l'assistanat est trop technique ; il conviendrait mieux de consulter sur le nucléaire... Comme si ce n'était pas non plus une question technique ! Surtout, elle ne voit pas que la place de l'assistanat est bel et bien une question de valeur sociale - ce qui démontre, une nouvelle fois, la difficulté qu'à la mentalité gauchie de considérer qu'il existe des valeurs en-dehors de celles qu'elle défend.

    Finalement, je trouve que c'est Hollande qui a le mieux répondu : encore faut-il que Sarkozy soit élu. Peut-être que flamby aura plus de mordant qu'attendu. Tant mieux.


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  • Il paraît que Sarkozy s'apprêterait à appliquer une botte secrète durant la campagne électorale : il se lancerait dans une véritable bataille culturelle contre la gauche, une terrible blitzkrieg.

    Le discours de Guéant n'en aurait été que les prémices...

    Je ne sais pas ce que valent ces analyses, mais si elles sont vraies, on va pouvoir s'amuser un peu !


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