• L'hommage du vice à la vertu...

    Nos blocages pourraient donc tenir essentiellement à cette « exception française » de nature idéologique. Notre grand problème pourrait bien être que notre classe influente - hommes politiques, cadres administratifs, journalistes, enseignants de tous nivaux - pense désormais selon des schémas socialisants, et ceci, je le répète, que les intéressés en soient conscients ou non, car ce qui caractérise la « pensée unique » d'une collectivité est précisément le fait qu'on n'est pas conscient des préjugés qui l'encadrent, de même que les gens habitués à vivre dans un lieu où règne une certaine odeur ne sentent rien. La droite française ne se rend pas compte qu'elle est plus à gauche que les gauches des grands pays européens et anglo-saxons. [...]

    En somme, la France est le seul grand pays développé où la propagande de la gauche a intégralement atteint ses buts. Soyons fair-play et saluons les artistes !

    Philippe Némo, La France aveuglée par le socialisme, François Bourin Éditeur, 2011, pages 8 et 9


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  • « La crise française est une crise d'intelligibilité. »

    Jacques Lesourne¹

     

    Pour Jacques Lesourne, la crise que traverse la France² provient d'une incompréhension généralisée des évolutions de notre époque : incompréhension du passage à une société de l'information, incompréhension de la mondialisation, incompréhension, enfin, des évolutions démographiques. Non seulement le défaut porte sur la nature de ces transformations, mais également sur ce qu'elles impliquent quant au si fameux « modèle français ».

    Cette crise générale d'intelligibilité rend extrêmement difficile toute adaptation. Car les enjeux n'étant pas clairement cernés, ni les remèdes correctement discernés, toute réforme apparaît comme l'insupportable remise en cause d'acquis ressentis comme uniques au monde et dépeints comme le fruit de luttes sociales plus braves les unes que les autres. Le fétichisme des moyens prend le pas sur l'intelligence des fins et, dans la crispation généralisée qui résulte, il devient presque impossible d'admettre qu'un autre modèle est possible - pour parodier un célèbre slogan.

    D'où des politiques à la petite semaine, où le rafistolage d'urgence l'emporte sur la vision d'ensemble, cependant que, bien entendu, les causes structurelles n'éyant pas été attaquées, les ennuis ne font qu'empirer. C'est pourquoi il importe d'essayer d'expliquer comment il se peut qu'un pays comme la France, pourtant non dépourvu d'intelligences, puisse s'empêtrer de la sorte dans cette impasse.

    Puisqu'il est question d'intelligibilité, c'est-à-dire de faculté de compréhension et, finalement, d'esprit critique, et puisque le mal s'étend à la Nation entière, il me semble qu'on doive interroger l'institution chargée d'instruire et d'éduquer les masses. C'est ainsi que l'on peut s'apercevoir de l'endoctrinement idéologique dont se rend coupable l'Éducation nationale.

    Cette question n'est pas neuve³. Mais de nouveaux programmes sont depuis entrés en vigueur ; il est bon d'y jeter un petit coup d'œil. C'est ce que je me propose de faire dans un série de billets prenant pour exemple le programme d'éducation civique de 5ème, et celui d'histoire de 4ème. Ce sera également l'occasion de  parler des manuels.

    Le premier billet sera publié lundi.

     

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    ¹ Le Modèle français. Grandeur et décadence, Odile Jacob, 1998, page 13.

    ² Je parle, bien sûr, de la crise générale dont souffre le pays depuis maintenant quatre décennies, et non de la crise des subprimes qui n'a rien à voir - mais qui se surajoute.

    ³ Voir, par exemple, Barbara Lefbvre, Ève Bonnivard, Élèves sous influence, Louis Audibert Édition, 2005 (que je n'ai pas lu), ou un article (en PDF, ici) du n°42 (« Manuels scolaires et passé communiste à "l'Est" et en France ») de la revue Histoire et Liberté, publiée par l'Institut d'Histoire sociale, ou encore ces articles du Monde et du Québécois libre.


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  • « Je suis le candidat de la résistance face aux agences de notation. »

    Jean-Luc Mélenchon, à Nantes, le 14 janvier 2012.

     

    On s'en prend s'en arrêt aux agences de notation ; elles seraient cause des déboires que nous traversons ; elles symboliseraient la domination sans partage de la finance toute puissante ; il se conçoit finalement contre elles, une hostilité haineuse et grandissante...

    Pourtant, la France fut notée triple A dès ses premières évaluations, quelle que soit l'agence considérée : depuis 1975 chez Standard and Poor's, 1979 chez Moody's et 1994 chez Fitch. D'ailleurs, 1975 est la dernière année d'équilibre budgétaire : depuis lors, les déficits se sont enchaîné. La France n'en obtenait pas moins son excellente note et, bizarrement, vous n'entendiez pas grand monde pour dénoncer le sale travail des agences de notation, ces affameuses des peuples...

    Par ailleurs, seule Standard and Poor's a dégradé la note souveraine de la France ; pour le moment Fitch et Moody's restent attentistes. Difficile, donc, de les mettre toutes dans un même sac. Qui plus est, est-ce si sévère de faire perdre un cran ? Surtout quand on sait que, reproduisant la méthodologie de l'agence, Natixis conclut à une dégradation de deux crans ?

    Ensuite, les taux pesant sur la dette souveraine de la France ont commencé à augmenter bien avant la dégradation (courant 2010 je crois), alors que l'État s'auréolait encore du triple A. La dette française est une fausse valeur depuis longtemps. L'agence Dagong avait d'ailleurs dégradé l'État français fin 2010. On peut donc dire que Standard and Poor's n'a fait que se conformer aux évolutions du marché, sans les avoir provoquées.

    Enfin, l'État français ne semble pas pour le moment beaucoup souffrir de cette dégradation. N'a-t-il pas dernièrement levé plus de 8 milliards d'euros avec des taux en baisse ? On se plaint du taux de l'OAT à dix ans, qui est un peu supérieur à 3%, mais, en 2003, il était de 5%... Ainsi, se faire dégrader semble presque une aubaine, puisque le même phénomène s'est manifesté pour le Japon et les États-Unis.

    Tout cela veut donc dire que les États disposent de marges de manœuvre, contrairement à ce que certaines aiment à crier partout, la tyrannie des agences de notation est un leurre ! C'est simplement que les États doivent gérer ces marges pour les conserver et les élargir.

    Il y a aussi un autre enseignement, sans doute plus piquant. C'est que les marchés financiers ne sont pas davantage à la botte des agences. À se demander, même, pourquoi on leur accorde autant d'attention. Le fait que les évaluations négatives d'États ne les empêchent pas de se financer à bon compte peut aussi s'interpréter... comme un désaveu des agences par les marchés. Ceux-ci semblent bien savoir tirer leurs conclusions tout seuls.


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  • Voici un autre extrait, de saison comme le précédent, mais de nature à jeter un éclairage sur la docilité généralement partagée envers la ponction fiscale.

    Avant d'analyser ce que sont vraiment la « solidarité » et la « justice sociale », interrogeons-nous sur cette étrange docilité des laborieux. Continuent-ils à travailler autant, malgré la spoliation fiscale, par appât du gain ? Sans doute en partie. Disposés à l'effort par nature ou par éducation, ils pensent que l'impôt ne leur prendra pas tout et que ce qui leur restera vaut malgré tout la peine qu'ils prennent à le produire. Mais surtout l'idée qu'ils ont d'eux-mêmes, de leurs talents, de leurs capacités, de leur place dans la société, leur fait considérer comme une insupportable diminutio capitis tout recul qu'ils prendraient par rapport à leur activité professionnelle. L'orgueil des laborieux est ainsi le meilleur allié des sbires de l'impôt.

    Claude Reichman, « L'oppression fiscale », in Alain Laurent, Théories contre l'impôt, Les Belles Lettres, 2000, page X.


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  • « Ce n'est pas un hasard si en anglais, nous parlons de "banking industry"»

    Hubert Bonin

     

    Vous avez dit désindustrialisation ?

    La crise que nous traversons semble raviver d'antiques nostalgies usinières. Il est vrai qu'on n'y renonça jamais complètement ; elles resurgissaient de temps à autres, dans les paroles fiévreuses et paniquées de quelques histrions de la politique.

    Cette fois-ci, cependant, plus que jamais sans doute, les usiniers zélotes croient leur heure venue. Il est temps ! Les dangers de la finance, l'effondrement de nos exportations, le chômage et les délocalisations ne leur donnent-ils pas raison ? La France étant devenue un désert industriel, il est urgent de renvoyer fissa tout le monde derrière sa chaîne de production...

    George Kaplan (ici et ici) fit justice de ces billevesées, en deux temps : 1° en valeur constante, la production industirelle n'a pas diminué, 2° avant leur externalisation par sous-traitance, beaucoup d'emplois étaient comptabilisés comme industriels alors qu'ils n'en avaient pas les caractéristiques. Mais bon, Kaplan, c'est un libéral, contributeur de ces affreux jojos de Contrepoints. Bref, un méchant pas beau...

    Alors, ça fait toujours plaisir de tomber sur un article comme celui-là.

    Le propos d'Hubert Bonin, c'est de dire qu'il y a aussi imbrication entre les secteurs secondaire et tertiaire : « Aujourd'hui, même la structure industrielle est éclatée entre industries et services. L'usine n'est plus qu'un noyau de logistique. Globalement, les entreprises de services sont celles qui s'industrialisent le plus. » Malheureusement, les mentalités de nos politiques les plus âgés (et Dieu sait qu'en France, papy fait de la politique) sont restées coincées au modèle fordiste, alors que nous en sommes au toyotisme de la troisième révolution industrielle...

    Il est juste de pointer ce décalage entre l'imaginaire et la réalité. Le problème, outre les habituels incovénients des idées fausses, c'est que le secteur tertiaire est dédaigné alors que les entreprises françaises y sont performantes : « Les sociétés françaises de services sont devenues des géants mondiaux. Elles n'ont pas attendu un aval de la part de l'État pour s'adapter et s'implanter partout dans le monde. Elles affrontent la situation économique. On peut ramasser des déchets à Shanghaï avec des sociétés françaises. On peut traiter de l'eau à Dubaï avec une société française. Tous ces groupes gagnent en influence. EDF par exemple, même si elle passe pour une société industrielle, a une activité qui repose pour moitié sur le secteur tertiaire et gagne en présence à l'international. »

    Où l'on voit, en passant, que l'État est encore une fois à la remorque !


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  • « Naturellement, la Dame de fer ne dévia pas du chemin qu'elle s'était tracé. »

    Jacques Leruez

     

    Au Royaume-Uni, vient de sortir dans les salles le film retraçant la vie de Margareth Thatcher. L’occasion de revenir sur cette personnalité politique hors norme, comme le fait Jacques Leruez dans un entretien pour Atlantico.

    Jacques Leruez est présenté comme un spécialiste de la vie politique britannique et auteur de Thatcher, la Dame de fer, à paraître. On peut donc s’attendre à ce qu’il maîtrise son sujet. Évidemment, je ne lui retirerai pas ce crédit, mais une petite chose m’étonne.

    Il semble difficile, voire impossible, de voir l’épisode Thatcher tel qu’il fut, c’est-à-dire un succès salutaire pour le Royaume-Uni, sans immédiatement chercher à en assombrir le tableau. Fût-ce de manière invraisemblable – je dirais même : surtout de la manière la plus invraisemblable possible. C’est ainsi que pour Jacques Leruez, Thactcher est responsable de la crise actuelle. Bien sûr, elle n’est pas seule : elle en partage la triste paternité avec, on s’en serait douté, Ronald Reagan… Rocard aurait pu signer l’article !

    Alors on se frotte les yeux et puis l’on réfléchit. La crise est née, aux  États-Unis, en 2007, dans le secteur immobilier : en quoi ce que Thatcher a pu faire au Royaume-Uni vingt ans auparavant peut y être pour quelque chose ? Leruez ne donne aucune explication claire, ne détaille aucun mécanisme précis, ne fournit aucun exemple concret. En lieu et place, il invoque des généralités (comme la financiarisation et la globalisation) et prétend que les privatisations de Thatcher affaiblirent l’État britannique face aux spéculateurs et aux multinationales (qu’est-ce qu’elles viennent faire là, celles-là ?). « Son slogan de "moins de gouvernement" a été dévastateur », écrit-il. J'ai peine à voir un lien avec la crise des subprimes.

    C’est encore plus affligent à la fin de l’entrevue, lorsque la City, accusée d’être un paradis fiscal, est comparée à un État dans l’État. Il est étrange et peu convainquant qu'à l'appui d'assertions aussi graves, l’auteur ne fournisse aucune donnée précise et se contente de rester dans le vague. La suggestion rhétorique est évidente : il faut faire peur et indigner.

    L’article d’Atlantico n’est, finalement, qu’une nouvelle occasion de mettre en accusation le libéralisme et ses acolytes mondialisation, concurrence et finance, le tout dans un bel amalgame enfumé, rien de bien neuf. Même lorsque l’on fait mine de concéder quelques succès au libéralisme, on s'empresse de suggérer qu’ils n’étaient finalement qu’illusion.

    Cependant, il faut être bien conscient que l’objectif n’est pas d’éclairer un moment passé. Il ne s’agit pas d’histoire. L'objectif est de donner des leçons pour les temps présents. Car, la politique à suivre aujourd’hui n’est pas si éloignée de celle de Thatcher (baisse des dépenses publiques et des impôts en particulier). Vous comprenez alors ce qu'il faut en penser : c’est une méthode dangereuse.


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  • Aujourd'hui, un extrait tout à fait de saison.

    L’impôt n’est démocratiquement justifié que si, en face de ma contribution, l’État inscrit une dépense utile. Il devient inacceptable si l’argent public sert à financer le gaspillage. D’autant plus que le gaspillage, quand l’habitude en est prise, tend à croître sans cesse, et entraîne ainsi l’accroissement parallèle des prélèvements obligatoires.

    L'impôt s'alourdit parce qu'il est mal utilisé. Il augmente en proportion directe de la répugnance de l'État gestionnaire à se réformer et à mettre de l'ordre dans ses dépenses. Si la démagogie antifiscale est irresponsable, l'État lui-même peut l'être tout autant. C'est pourquoi il faut à la démagogie substituer la « critique » fiscale responsable, équitable, raisonnable. […]

    Quel usage l’État fait-il de nôtre argent ? Le droit pour le citoyen de le vérifier est, comme l’impôt même, une condition de la démocratie et en fut même l’origine.

    Jean-François Revel, L'Absolutisme inefficace. Ou contre le présidentialisme à la française, Plon, 1992, page 103.


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  • Ça y est, c’en est fait du triple A. En même temps, tout le monde s’y attendait depuis un petit moment… Le plus intéressant, donc, dans cette non nouvelle, ce sont les réactions qu’elle suscite. En particulier, puissante est la tentation de tout mettre sur le dos de Nicolas Sarkozy ; tentation à laquelle, fidèles à eux-mêmes, les socialistes ont cédé sans tarder.

    On le voit nettement dans une sorte d’entretien publié par Le Monde avec Karine Berger. Le plus rigolo, c’est qu’elle est présentée comme « économiste et candidate du Parti socialiste aux élections législatives dans les Hautes-Alpes ». Alors, on ne sait plus très bien qui parle : l'économiste (pas toujours très) professionel, ou bien le politique (très souvent) partial ? Un curieux mélange des genres, source de jolies perles à en faire des colliers.

    C’est ainsi que la perte du triple A est grave, qu’écris-je gravissime. Car c’est « l’image de la France qui est en jeu » ; moi qui pensait bêtement que c’était surtout une question de viabilité des finances publiques… Et puis, c’est bien fait pour Sarkozy que ça lui arrive juste avant les présidentielles, lui qui « porte une lourde responsabilité » dans tout ça. Moi, je me demande bien, quelles que soient les âneries bien réelles de notre président, quelles âneries toutes aussi réelles les socialistes auraient faites s’ils avaient été aux affaires… Question qu’une candidate socialiste ne saurait poser, bien entendu, fût-elle économiste.

    Mais, en même temps, il ne faudrait pas donner l’impression de se plier aux diktats de la finance ; comme le dit par ailleurs Mélanchon, il faut r-é-s-i-s-t-e-r aux agences de notation. D’où cette précaution : « Le triple A, bien sûr, ne doit pas être le Veau d’Or ». Alors c’est très, très grave, mon bon môssieur, mais, en fait,pas tant que cela !

    Les socialistes savent faire d’excellents contorsionnistes quand ils le veulent…

    Autre contorsion rigolote : il faut changer de politique économique. Ah ça oui, parce que c’est bien ce à quoi nous convie Standard and Poor’s. C’est déjà un miracle que des socialistes semblent le comprendre ; d’aucuns prétendaient que nous avions la gauche la plus archaïque du monde occidental, ce serait un avis injustifié : des progrès apparents ont été faits. Malheureusement, ceux-ci s'abîment dans un océan de raisonnements tellement tordus qu’ils en deviennent totalement abscons. Visez, avec bravoure, ce morceau : « Le prochain gouvernement devra à la fois être très rigoureux et contrôler strictement les dépenses publiques, tout en soutenant la croissance et en conduisant la politique fiscale la plus efficace et la plus juste possible. Ce n'est qu'en agissant à ce triple niveau que l'on pourra desserrer l'étau dans lequel nous sommes pris et retrouver un sentier de croissance sans lequel il est vain de prétendre redresser les comptes. » Si l’on résume : tournez à droite tout en allant à gauche cependant que, dans le même temps, vous montez en bas. Parce que, en bonne socialiste, Karine Berger n’aime pas les plans d’austérité (qui ne marchent pas sans croissance économique, y’a qu’à voir en Grèce hein). Mais, en bonne économiste, elle sait bien qu’il faut maîtriser les déficits publics – et puis, il faut bien faire cas de la note financière puisqu’on en fait grief à Sarkozy. Comment faire pour concilier les deux positions ? Eh bien  tournez à droite tout en allant à gauche cependant que… Elémentaire, non ?

    Toutefois, il existe une bonne vieille technique pour faire passer la pilule de l’incohérence. Il est suffisant de dénoncer un bouc émissaire, en l’occurrence (pour varier) le mal aimé Nicolas Sarkozy. C’est que le méchant a renforcé le bouclier fiscal, allégé les droits de succession, il a amputé les recettes de l’Etat « avant même la crise » (comme s’il avait pu la deviner…). Et là, on se demande : what’s the fuck !? Où est le putain de lien ? Croit-on vraiment que ces recettes  « perdues », si elles avaient été engrangées, auraient servi à autre chose qu’aux dépenses inutiles mais indispensablement dispendieuses que la France affectionne ? Auraient-elles, au hasard, servi à réduire l’endettement public pour anticiper une crise que, de toute façon, presque personne n’avait vu venir ? Facile, quand l’histoire est faite, de distribuer les blâmes. Karine Berger saute simplement sur une occasion en or pour refourguer l’habituelle rengaine socialiste de la « justice » fiscale, du cadeau fait aux riches, etc.

    Ce qui devient franchement drôle, c’est qu’en face de cette logique fantasque, il y a Jean-Marc Daniel. C’est saisissant, le contraste qui existe entre ces deux économistes. Là où Karine Berger mixe une approche d’économiste avec des enjeux politiciens, Jean-Marc Daniel se montre bien plus sobre, expliquant « l’économie-spectacle » d’une part des agences de notations, qui ne font que dire tout haut et souvent avec retard ce que tout le monde sait déjà, d’autre part des « responsables politiques, prompts à interpréter la perte du triple A comme l'échec de Nicolas Sarkozy et à s'en prendre aux agences de notation ». (Et Karine Berger nous en livre un bel exemple, d’économie-spectacle.) Il ne sombre pas dans des amphigouris visant à marier la carpe et le lapin : supprimer 90 milliards de déficit structurel, et pour cela faire « un effort de 20 milliards par an pendant la durée du prochain quinquennat en engageant la baisse de la dépense » ; intensifier la concurrence sur le marché du travail, car « On ne lutte pas contre le chômage en préservant la situation des salariés en place » ; encourager l’innovation ; oublier la TVA sociale, etc. Bref, « il faut assumer la rigueur. » C’est clair, net, sans détour.

    Les deux économistes admettent qu’il faut « changer de politique économique ». Mais force est de constater que là où pour l’un cela veut vraiment dire quelque chose, pour l’autre, il s’agit surtout de continuer tout presque comme avant, mais en disant que l’on fait autrement. Notre gauche, peut-être bien, reste finalement la plus archaïque du monde occidental…


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  • Enfin... n'ayant ni le talent, ni la verve créatrice de beaucoup d'autres blogueurs, je n'assure pas tenir ce blog souvent, ni même régulièrement. Mais enfin, l'envie m'a repris et puis... cette année 2012 est prometteuse en évènements bien rebondissants !

    Alors bienvenue à toutes et à tous, lectrices et lecteurs !


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