• Encore des conneries sur les programmes

    Je ne serai certes pas le dernier à dire que l'Éducation nationale dysfonctionne. Néanmois, je suis agacé, c'est un euphémisme, par les simplifications grossières qui ne cessent de circuler sur les nouveaux programmes du collège. 

    On a dit et répété que Louis XIV et Napoléon Ier avaient disparu, ce qui est faux. Maintenant on prétend que c'est aussi le cas de la Grande Guerre ! Par exemple, Laurent Pinsolle écrit que  « c'est au tour de la Première Guerre mondiale de passer à l'essorage [...] au profit du génocide arménien ou du peintre Otto Dix. » (Je ne développerai pas, mais je signale tout de même qu'il y a une différence entre les programmes et les manuels, c'est bon d'en avoir conscience.)

    Ce genre de propos sont vraiment ridicules. Il suffit pourtant de lire les programmes officiels.

    La guerre de 1914-1918 y figure toujours (page 41). Dans les capacités attendues des élèves, on leur demande de savoir la dater, ainsi que la bataille de Verdun et l'armistice. Un angle d'approche est cependant privilégié : la violence de masse. Pour se faire, une démarche imposée demande aux enseignants de traiter deux exemples, qui sont la bataille de Verdun et le génocide arménien. L'assertion de Laurent Pinsolle ne repose donc que sur du vide.¹

    Quant à Otto Dix, c'est très curieux car aucune mention n'en est faite dans le programme... C'est simplement que Laurent Pinsolle n'a pas compris qu'une place plus importante à l'art est ménagée dans les nouveaux  programmes d'histoire. Il est demandé aux enseignants de choisir « un itinéraire composé d'au moins une œuvre et/ou un artiste significatif pour chacune des parties du programme » (page 40). Il va sans dire que le choix doit être rélié au chapitre étudié. 

    Laurent Pinsolle semble par ailleurs ignorant de la haute pertinence du choix d'Otto Dix pour étudier la Grande Guerre. Je ne vais pas faire la biographie de l'artiste, mais je mentionnerai seulement qu'il fut ancien combattant, notamment comme mitrailleur en France et en Russie, et que ses œuvres témoignent avec une grande force des horreurs qu'il a pu voir lui-même (iciiciici ou , par exemple). Travailler Otto Dix, c'est bel et bien travailler sur la Grande Guerre... 

    Comme il est impossible de tout dire, les programmes font des choix que l'on trouvera toujours à discuter. Il serait cependant préférable que ceux qui s'y essayent le fassent avec moins d'amateurisme, qu'on n'ait pas l'impression qu'ils viennent tout juste de découvrir les choses...

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    ¹ On rétorquera certainement que l'intérêt soudain pour le génocide arménien n'est pas innocent. Mais je fais le pari qu'à la base, les enseignants le lieront plutôt aux génocides suivants de la Seconde Guerre mondiale, et non à un quelconque discours repentant (et pourquoi donc, la France n'y fut pour rien) ou misérabiliste. 


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