• Libéralisme et convergence frontiste

    Le Parisien libéral vient d'écrire un billet qui a suscité quelques mouvements dans ce qui me sert de cervelle. Il ne s'agit pas tant d'une critique dudit billet que de réflexions qu'il a fait naître.

    1. Une analyse partagée, mais...

    Dans ce billet, le Parisien libéral dénonce l'hypocrite déséquilibre entre extrême-droite et extrême-gauche, déséquilibre avantageant le PS : « La grande force du Parti Socialiste, c’est d’avoir réussi à faire passer dans l’opinion que l’union entre le FN et l’UMP serait plus honteuse que le rapprochement entre le PS et le Front de Gauche. […] Mais le FN n’est-il pas à la droite de l’UMP ce que le Front de Gauche est à la gauche du PS ? »

    Je partage pleinement cette analyse, mais je crois indispensable de la dépasser. Car, pour ceux qui épousent la cause du libéralisme, qu'y aurait-il à gagner à ce que l'UMP s'associe au Front national comme le PS peut le faire avec l'extrême-gauche ?

    2. Y a-t-il un avenir à chasser les voix du FN ?

    Cela a fonctionné en 2007. Mais Sarkozy ayant mouillé le pétard, qu'en sera-t-il désormais ? Je croyais jusqu'à présent qu'il était indispensable à l'UMP de gagner l'électorat frontiste pour l'emporter. C'était peut-être une erreur.

    Ainsi, en 1988, la stratégie fut la même (ici, ici, ici). Résultat : 51 % de voix pour la Droite au premier tour, mais un Mitterrand président avec 54 % des suffrages au second... Échec en 1988, succès en 2007, échec en 2012... La tactique est bien aléatoire. De plus, elle place l'UMP à la merci du FN qui, d'une simple consigne de vote, peut jouir de sa position d'arbitre et savourer de faire trébucher son concurrent. Après l'avoir laminé en 2007, la stratégie de Nicolas Sarkozy a bel et bien renforcé le FN, aux propres dépends de l'UMP.

    Malgré quelques bonnes mesures, je n'en reviens pas de l'indigence du quinquennat sarkozien. La Droite est vraiment intellectuellement lobotomisée pour avoir gâché une occasion si belle de régler un grand nombre des problèmes qui gangrènent la France. Ce n'est pas en courant derrière le FN qu'un pareil gâchis sera réparé et si Sarkozy n'était effectivment pas Le Pen, on peut juger son cynisme électoraliste franchement peu glorieux.

    3. L'inconfortable position du libéralisme

    Je ne doute pas une seconde que le Parisien libéral, que je n'ai pas l'heur de connaître personnellement, est à mille lieues des idées frontistes ; le fait qu'il participe à Contrepoints, son billet lui-même, l'attestent suffisamment. On comprend que son idée n'est pas de promouvoir le FN, mais de fustiger la Gauche. Néanmoins, remarquons l'inconfort de son propos.

    Il précise donc qu'« il ne s’agit pas de pouvoir réhabiliter la fille à papa de Saint Cloud. » Mais, plus bas, il écrit : « L’argument selon lequel le parti de la fille à papa de Saint Cloud est la droite la plus extrême ne tient même pas, puisqu’il existe des partis à la droite du FN, tout comme il y a des partis à la gauche  du Front de Gauche. »

    Le problème n'est pas factuel, le problème c'est l'effet pratique d'une telle assertion. Que le FN ne soit pas fasciste le rend-il moins infréquentable pour autant ? Cela rend-il plus anodin un rapprochement éventuel de l'UMP et du FN ?  Le libéralisme y gagnerait-il en visibilité et en clarté ? J'en doute. Je vois plutôt que cela alimentera les soupçons : quelque part, les libéraux justifient les idées du FN, quelque part frontisme et libéralisme sont de connivence. Pourtant, tout libéral sait parfaitement qu'il ne sont en rien compatibles.

    La difficulté, c'est de dénoncer les entourloupes de la Gauche sans en même temps donner l'impression de dédouaner le FN. C'est un jeu serré : une personne très anti-sarkozyste a qui j'expliquais exactement la même chose que le Parisien libéral en déduisit... que j'avais voté Sarkozy. Les étiquettes se collent très rapidement !

    Comment réussir ce qu'évoque le Parisien libéral à la fin de son billet en écrivant : « Seule solution pour sortir de ce piège : dénoncer les extrêmes, TOUS les extrêmes, de Gauche aussi bien que National », et dont parle Philippe Némo dans Les Deux Républiques françaises, c'est-à-dire cette « conjonction des centres » ? Je ne sais, mais si l'UMP, en tant que parti, décidait de se rapprocher du Front national, il serait peut-être opportun pour les libéraux de quitter le navire.


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