• Si les fonctionnaires détestent Nicolas Sarkozy, c'est parce qu'il fut un président libéral. Et pourtant...

    « C’est sous son quinquennat que les dépenses publiques ont atteint leur maximum historique : 56% en 2011 ; trente et un impôts nouveaux ont été créés, sans compter ceux que l’on a alourdis, tel l’impôt sur les plus-values. Le nombre de fonctionnaires d’État a un peu reculé, en fin de période, par l’application de la règle déjà ancienne de non remplacement d’un fonctionnaire sur deux (la fameuse RGPP !), mais surtout au détriment de l’armée, et sans qu’on empêche la fonction publique locale de croître parallèlement. »

    En fait, « Sarkozy a payé le prix de son incompétence ».


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  • Verbatim du député Vanneste (à partir de 4'30 dans cette vidéo) :

    Il y a aussi des légendes qui sont répandues. Par exemple, il y a la fameuse légende de la déportation des homosexuels. Il faut être très clair là aussi. Manifestement Himmler avait un compte personnel à régler avec les homosexuels. En Allemagne il y a eu une répression des homosexuels et la déportation qui a conduit à peu près à 30 000 déportés. Et il n’y en a pas eu ailleurs. Notamment en dehors des trois départements annexés, il n’y a pas eu de déportation homosexuelle en France.

    Ensuite il donne des exemples de collaborateurs français homosexuels, certains ayant même été reçus par les nazis, en faisant aussi une référence au livre de Patrick Buisson, 1940-1945 années érotiques.

    Il se pourrait bien que cela soit vrai. D’après un rapport de 2001 (voir PDF), de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation (FMD), 210 Français furent déportés pour cause d’homosexualité, dont 206 depuis les territoires annexés par le Reich, et 4 venant du reste de la France. Encore ces derniers étaient-ils des volontaires pour le STO arrêtés en Allemagne. (C'est cet article du Figaro qui donne le lien.)

    Il faut noter qu'à la page 4 de ce rapport, les auteurs précisent : « Nous ne pouvons affirmer que ce chiffre est à considérer comme définitif à partir du moment où nous ne sommes pas certains d'avoir eu accès à toutes les archives du monde combattant comme des Archives de France. » Néanmoins, il semble bien que le député ait raison, les nazis n'ont apparemment pas cherché à déporter systématiquement et massivement les homosexuels Français — ce qui ne les empêchaient pas de le faire, lorsqu'il leur en tombait sous la main.

    Il faut aussi replacer le propos dans son contexte. Le député cherche à rendre compte de ce que 63% des Français (dit-il) sont favorables au mariage homosexuel. Selon lui, cela vient « du bourrage de crâne, du battage médiatique à sens unique » (0'50), car les media sont acquis à la cause homosexuelle (média et homosexuels partageraient un même trait narcissique qui explique leur connivence). Le député accuse donc les média de pratiquer « un art consommé de la déformation systématique des faits » (4'12), dont la légende de la déportation des homosexuels n'est qu'un exemple.

    La vidéo dure près de vingt-et-une minutes. Le député développe plus largement sa vision de la famille et de la société. Sans conteste, c'est une vision conservatrice : la famille est la cellule de base de la société, sa fonction est de produire et d'élever des enfants dans un cadre le plus harmonieux possible. Vanneste déclare, par exemple, tout en dénonçant la théorie du genre, que « l'enfant à le droit d'avoir les deux modèles de l'humanité  [...]. Il a le droit d'avoir un père et une mère » (7'35).

    Par conséquent, toute politique se doit de protéger la cellule familiale traditionnelle, comme il le dit en conclusion (20'19) : « il faut absolument assurer et rassurer la famille. C'est une dimension essentielle de la société, c'est pas une dimension marginale, c'est surtout pas une dimension passéiste. Pour une raison qui est évidente : c'est que précisément, il n'y a que la famille qui prépare l'avenir. »

    Bref, j'ai bien l'impression que nous avons encore là une polémique stupide. Bien sûr, en tant qu'organisation, l'UMP a parfaitement le droit de définir ce que ses membres peuvent ou ne peuvent pas dire ; l'exclusion de ce parti ne serait pas un cas de censure. Une telle décision marquerait cependant une gauchisation de l'UMP dans la question des mœurs.

    Il est dommage qu'on ne puisse discuter de ces questions sans tomber dans d'idiots psychodrames. En tout cas, je sais gré au député d'écorner le politiquement correct dans ce domaine. Je me souviens que Robert Ménard avait dû s'expliquer après avoir déclaré préférer que ses enfants soient hétérosexuels, ce qui lui valut en sus des menaces de mort selon lui (4'23)...

    Pour ce qui est du mariage, mon indécrottable libéralisme me conduit à dire que ce n'est pas là affaire d'État. Pour le reste, les préventions du député me paraissent fondées, il est a priori préférable que les enfants soient élevés par leurs géniteurs et, à tout le moins, par un homme et une femme. Mais savoir si le fait d'être élevé par des parents homosexuels est dangereux pour l'enfant est affaire de fait et non d'opinion. Or, qu'en sait-on ?


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  • Mardi dernier, il y avait école. La place des enfants est d'aller à l'école ; s'ils doivent en sortir, c'est pour s'instruire. Or, que fait-on ? On les aligne en haie d'honneur pour les faire acclamer un président-candidat...

    Ces images sont scandaleuses. Est-on réduit, en France, à ce gendre de mascarade potemkinesque ?

    Les parents ont bien raison de protester, « ce n'était pas légitime d'utiliser des mineurs pour faire de la politique. » Effectivement. D'autant, qu'aparamment, tous ne furent pas prévenus. Les responsables devraient rendre des comptes.

    Et on nous chante les vertus de la politique...


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  • Qu'on se le dise, et c'est François Hollande qui l'affirme (mais pour l'étranger, hein !).

    Bien entendu, cette assertion malheureusement grotesque lui est renvoyée au visage, à commencer par le Parti communiste français... C'est plaisant, pour une fois ce n'est pas par un politicien de droite que le scandale arrive.


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  • « Il existait de vives similitudes entre le Français et la Britannique. Tous deux accédaient au pouvoir au terme de longues périodes d'affaiblissement de leur pays et d'inaction des dirigeants ; ils incarnaient, chacun dans son parti, le renouveau et la rupture ; l'un et l'autre s'en étaient rendus maîtres par l'obstination et le coup de force. »

    Au terme de la comparaison ainsi posée dans un article de Valeurs actuelles¹, on en conclut qu'il y a cinq ans, il y avait du Thatcher dans Sarkozy. Et pourtant, rappelle l'article...

    Là où l'Iron Lady suivit sans fléchir son but, lui se perdit dans d'étranges sinuosités. Là où elle sut affronter l'adversité sans faillir, lui composa jusqu'à compromettre ses projets. Là où elle agit sans tarder ni sans préparation, lui s'agita, ajourna, se contenta de mesurettes ridicules...

    Il n'y pas de photo-finish : Maggie surplombe très largement Sarko. Jamais celui-ci ne fut un authentique leader ayant la vision, la hauteur et la détermination nécessaires. Il trompa moult gens sur lui-même et ses capacités. En guise de rupture, nous n'eûmes que le triste spectacle d'une impuissance agitée et satisfaite.

    C'est une misère pour la France qu'elle ne soit toujours pas capable d'engendrer des dirigeants de l'envergure de Margaret Thatcher. Le terreau est-il si sec ?

    -----

    ¹ Stéphane Denis, « Et s'il manquait une Thatcher à la France ? », in Valeurs actuelles, n°3924, p. 16 sq.


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  • Fabrice Descamps signe un excellent billet sur le mal-être des enseignants, qui est l'un des aspects de la crise scolaire dans ce pays.

    Comme l'analyse Revel dans La Connaissance inutile (il livre qu'il faut lire, décidément), les enseignants ont perverti la fonction de l'école. Revel a des mots très durs, il parle de « la trahison des profs »...!

    L'égalitarisme, appuyé sur les (fou)thèses de Bourdieu, a conduit à la destruction des ressorts de l'école, la rendant désormais incapable de réellement réduire les inégalités sociales ; on redistribua la réussite scolaire, écrit Revel, comme l'aide sociale, tout en détruisant les enseignements ; ce qui n'avait strictement aucun sens, car on s'interdit par là même de détecter les talents, d'où qu'ils vinssent. (J'ajouterai qu'on s'interdit aussi de détecter les difficultés pour les traiter de façon efficace..., cantine pour tout le monde !).

    En conséquence de quoi, le malaise actuel de la profession est aussi le retour du boomerang. Elle se trouve prisonnière d'une contradiction, entre cet égalitarisme bien intentionné et la réalité des effets du même égalitarisme.

    Néanmoins, pour ce qui est du collège du moins, il me semble qu'un nombre croissant d'enseignants perçoit le problème, au moins confusément. Cette conscience peut y être plus forte qu'au lycée, où travaille Fabrice Descamps, parce que la scolarité est obligatoire jusqu'à 16 ans. Il faut faire avec les ratés du système et il est (de plus en plus) délicat de se défaire des perturbateurs. C'est encore plus vrai dans les zones prioritaires, où règne une certaine lassitude et un grand désir de fermeté...

    Malheureusement, les enseignants ont peur des changements et leur représentation syndicale est plus prompte à instrumentaliser leur malaise qu'à y remédier véritablement. Périssent les enseignants, plutôt que la flétrissure de l'idéologie !


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  • Voilà une question qu'on peut se poser. L'hégémonie culturelle de la gauche est si forte, qu'elle a imposé ses évidences : qu'est-ce qui peut bien justifier l'existence de la droite ? La réponse,  Paul François Paoli la développe dans un livre paru en 1999, Comment peut-on être de droite ?, chez Albin Michel. Il expose les raisons qui justifient l'existence d'une droite sûre d'elle et de ses valeurs. Recension en deux parties.

    1.

    La prospérité du FN

    Paul François Paoli décrit d'abord comment, dans les années 1980, la gauche fut  responsable de la montée en puissance de l'extrême droite. (On verra, dans un second temps, qu'il n'est pas avare de reproches envers la droite non plus.)

    Dès après 1945, la gauche marxiste s'employa à disqualifier comme fasciste « tout un pan des valeurs conservatrices [...], discrédité par l'usage qu'en avait fait Vichy. » On retrouve-là la bien connue stratégie de terrorisme intellectuel reposant sur le maniement tétanisant de la reductio ad hitlerum. Mais, à cette époque, le charisme gaullien contrebalançait, dans l'opinion, ce matraquage mensonger.

    Puis vint l'effondrement du communisme et le reflux du marxisme. Cette évolution s'accompagna de la monté en puissance du PS. Alors, littéralement, la gauche changea de peuple. Elle troqua celui des usines et du Front populaire pour celui que Mai 68 avait porté sur les fonds baptismaux, « plus en phase avec l'air du temps, plus jeune et plus féminin, plus branché en diable » (p. 79). Le langage de la gauche glissa, délaissant la question sociale pour les questions sociétales (la causes des minorités et des immigrés, le droit à la différence), tout en embrassant un individualisme transgressif et hédoniste.

    Or, cette rupture d'avec le peuple sociologique se produisit au moment même de la montée du chômage et de l'apparition d'une immigration familiale. Dans ce hiatus, se constitua un fertile terreau pour le Front national.

    C'est là qu'un « grand tacticien », François Mitterrand pour ne pas le nommer, parvient à « "ringardiser" l'idée même de droite auprès de la jeunesse et de la petite-bourgeoisie intellectuelle » (pp. 80-81). C'était pourtant le moment où la droite intellectuelle tentait de relever la tête, estime Paoli, avec, par exemple, Louis Pauwels et Le Figaro Magazine. (On se souviendra de l'épisode, en 1986, du sida mental, un autre exemple de ce genre de scandales qui sait si bien provoquer la gauche.)

    Tétanisée, la droite politique laissa la gauche instrumentaliser le FN pour son propre profit. « Les caciques de la droite, au lieu de se faire respecter en pensant ce qui les rendait nécessaires, ont trop souvent voulu devenir respectables aux yeux d'un pays virtuel, celui des médias, de moins en moins en phase avec la France du chômage et de la désillusion politique » (p. 54). (Là, on pense au psychodrame autour de l'élection de Charles Millon, lors des régionales de 1998.)

    Et c'est ainsi que prospéra le FN.


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  • Nous vivons toujours sous l'empire du gauchisme. Ce complexe qu'il faut détruire, comme le disait Thierry Wolton dans l'extrait aléatoire d'hier.

    Fillon vient de réfuter toute « droitisation de la droite » ; entend-on jamais un Hollande, une Aubry, un Mélenchon se défendre de toute gauchisation de la gauche ?


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  • Des mots écrits en 2003, après le séisme d'avril 2002, mais qui tracent une problématique encore actuelle. La gauche se débat pour éviter absolument ces changements, qui signeraient l'écroulement de son hégémonie culturelle. Ils sont pourtant des plus salutaires.

    Le complexe de gauche est double.

    Pour la gauche il s'agit d'un complexe de supériorité ; pour ceux qui n'en sont pas, d'un complexe d'infériorité. L'effet est cumulatif : plus la gauche se sent supérieure, plus les autres sont complexés de ne pas en être. Cela dure depuis le début du XXème siècle. [...] Il peut paraître paradoxal de s'intéresser aux effets pernicieux de ce complexe au moment où notre vieille gauche bat de l'aile après son cuisant échec du printemps 2002. [...] Certes non. En fait, selon une règle déjà maintes fois observée dans la vie politique française, plus la gauche est minoritaire, plus elle est à terre, plus elle est défaite, et plus elle est agressive idéologiquement, plus elle se crispe sur ses certitudes, plus elle s'accroche à ses vieilles croyances. Plus elle cherche alors à complexer les autres. [...] Si la gauche veut sortir du marasme où elle s'est placée elle-même, elle doit repenser ses méthodes, laisser tomber ses vieux réflexes, apprendre la modestie. Si la droite veut prendre confiance en elle, au-delà de quelques rodomontades sécuritaires, elle doit savoir assumer ses choix, bousculer ses habitudes, croire aux bienfaits de la politique. [...] Le complexe de gauche est condamné à disparaître puisqu'il en va de l'inévitable modernisation des mœurs et de la vie politique française, à l'instar de ce qui s'est déjà accompli ailleurs.

    Thierry Wolton, Comment guérir du complexe de gauche, Plon, 2003, pp. 9 à 12.


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  • « La France n'est jamais plus rassemblée et exemplaire - digne des meilleurs aspects de son histoire - que lorsqu'elle porte des messages de portée universelle. Seule la tolérance peut générer une telle ambition. »

    Voilà ce qu'on peut lire à la fin d'une des innombrabres réactions suscitées par l'affaire Guéant. En l'occurence, le commentaire se veut critique.

    C'est une idée qu'on entend souvent : la France aurait une vocation universelle, qui correspondrait à son essence historique profonde. C'est parfaitement saugrenu, bien sûr. Aucun pays n'a de vocation quelconque à faire, ou à être, quoi que ce soit. Ce n'est qu'un moyen de travestissement, qui permet à l'énonciateur de donner un verni d'objectivité à ses propres désirs.

    Mais je trouve bien vague cette notion de message universel. On peut reprocher à Guéant l'emploi lâche du terme civilisation, mais universel n'est pas plus précis et pas moins propice aux usages malhonnêtes.

    Par exemple, je doute que la plupart des progressistes qui invoquent cette notion, comme c'est leur habitude, y inclue le christianisme. Pourtant, cette religion se perçoit bien comme un « message de portée universelle »... La France fille aînée de l'Église, voilà qui ne doit pas coller avec leur idée de l'universel.

    Ils vous diront que c'est la France de l'Inquisition, de la répression des Cathares, des Croisades, des Guerres de religions... Choses peu rassemblantes et exemplaires en effet - si tant est que ces jugements anachroniques aient un sens. Cependant, si je regarde l'autre « message de portée universelle », à savoir les idées de la Révolution, je ne trouve pas qu'il soit plus univoque.

    Au nom de la Révolution, on guillotina à qui mieux mieux, on saigna la Vendée, on envahit sans vergogne les trois quarts de l'Europe, on fusilla sans remord à Madrid... Sont-ce des choses plus rassemblantes et exemplaires ? Le plus amusant c'est que lorsque, à la fin du XIXème siècle, on colonisa, pacifia et exploita sous prétexte d'apporter les lumières de la liberté et du progrès, des idées en droit fil de la Révolution, il ne semblait pas qu'on se divisât beaucoup à propos de comportements de domination presque unanimement réprouvés aujourd'hui... 

    La Révolution, comme le christianisme avant elle, eut son lot d'intolérance, de massacres, d'hubris. Réalité qu'une lecture intéressée et idéologique s'empresse d'oublier pour produire le même genre de poncifs que celui qu'on peut lire dans la citation ci-dessus.


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